Défendre les droits humains au Cambodge


Le Cambodge et les droits humains continuent aujourd’hui encore à ne pas faire bon ménage. En 2016, des défenseurs des droits humains ont été menacés et arrêtés alors qu’ils ne faisaient qu’exercer pacifiquement leurs activités. Les actes d’intimidation, les menaces et la surveillance massive ont poussé plusieurs d’entre eux à quitter le pays par crainte pour leur sécurité. En mai, des poursuites ont été engagées dans une affaire emblématique contre Ny Sokha, Yi Soksan, Nay Vanda et Lem Mony, quatre employés de l’Association pour les droits de l’homme et le développement au Cambodge (ADHOC) arrêtés le 28 avril, puis inculpés de corruption de témoin. Ny Chakrya, ancien employé de l’ADHOC et secrétaire général adjoint de la Commission électorale nationale (CEN), a quant à lui été inculpé de complicité. Cette affaire porte sur des conseils et une aide matérielle fournis par l’ADHOC à une femme qui aurait eu une relation extraconjugale avec Kem Sokha. En octobre, le juge d’instruction a porté la durée de leur détention provisoire à douze mois. Le ministre de l’Intérieur, Sar Kheng, a annoncé en décembre que ces cinq personnes seraient libérées, mais aucune mesure n’avait été prise en ce sens à la fin de l’année. La liaison supposée a donné lieu à trois procédures pénales distinctes contre huit responsables politiques et acteurs de la société civile, ainsi qu’à une quatrième procédure contre la femme mise en cause. Le PPC a porté plainte contre le commentateur politique Ou Virak pour diffamation après que celui-ci eut déclaré que ces poursuites étaient motivées par des considérations politiques. Seang Chet, conseiller communal d’opposition, a été reconnu coupable de subornation de témoin dans une de ces affaires en décembre. Condamné à cinq ans d’emprisonnement, il a été gracié et libéré deux jours plus tard. Dans un autre dossier, Ny Chakrya a été condamné à six mois d’emprisonnement pour diffamation, dénonciation calomnieuse et publication de commentaires visant à exercer une contrainte illégale sur les autorités judiciaires. Il avait critiqué la façon dont un tribunal de Siem Reap avait géré un conflit foncier en mai 2015. En avril, Rong Chhun, ancien syndicaliste, a appris qu’il serait jugé pour des infractions pénales en lien avec une manifestation de 2014, au cours de laquelle des ouvriers qui manifestaient avaient été abattus par les forces de sécurité. Ny Chakrya et Rong Chhun travaillaient tous deux pour la CEN et les poursuites à leur encontre étaient considérées comme une tentative délibérée de leur faire perdre leur poste au sein de cette instance. Try Sovikea, Sun Mala et Sim Samnang, militants de l’ONG de défense de l’environnement Mother Nature arrêtés en août 2015, ont été condamnés en juin à 18 mois de prison pour menace de destruction de biens. Ils ont été libérés après que la part de leur peine non purgée en détention provisoire eut été assortie d’un sursis.


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